Comme assez souvent, le phénomène nous vient des États-Unis.
Des salariés, à la recherche d'un meilleur salaire ou de meilleures conditions de travail, n'hésitent plus à démissionner de leur poste pour trouver mieux ailleurs. Les prémices de cette tendance se sont fait ressentir immédiatement après la fin du Covid.
Phénomène de société ? Nouvelle tendance de l'emploi ? Signe annonciateur d'autre chose ?
Décryptage.
Le "Big Quit" bientôt ou déjà en France ?
L'amorce de la tendance a débuté en 2021. Les États-Unis sont alors frappés d'une vague de "Big Quit" autrement dit, une série de démissions en cascade.
Pour les Américains, la chose est rendue possible grâce à un contexte économique plus favorable. La fin du Covid a créé, semble-t-il, de nouvelles opportunités dans lesquelles la population s'engouffre. Plus qu'un salaire plus élevé, il s'agit aussi d'une quête d'une entreprise plus en phase avec l'idée qu'on s'en fait.
L'an passé, environ 47 millions d'Américains ont quitté leur ancien travail de manière volontaire. Cette tendance ne s'était pas fait ressentir depuis plus de 20 ans.
En France, la tournure des événements penche en faveur d'un phénomène similaire.
Des chiffres qui parlent
Les chiffres relevés en France semblent confirmer que le phénomène de "Grande Démission" est parvenue jusqu'à nous.
Au premier semestre de l'année 2022, beaucoup de salariés se sont inscrits dans cette mouvance en quittant leur emploi. Mais la tendance n'est pas nouvelle puisque les premiers effets ont été ressentis dès 2020.
Pour l'exercice juillet 2020/juillet 2021, les chiffres font état de 20% de démissions supplémentaires par rapport à 2019. La tendance se confirme en cumulant les données à partir du troisième trimestre 2021, on compte environ 1,2 million de personnes qui ont quitté leur entreprise.
Cependant, il apparait également que le phénomène n'est pas forcément nouveau. En 2007 et 2008, une forte vague de démissions avait aussi été enregistrée.
En complément de ces chiffres des années 2020, 2021 et 2022, il faut aussi souligner que le taux d'emploi est en hausse presque constante depuis plusieurs mois. Cette vague de démissions en rafale correspond donc aussi à un contexte de marché du travail plutôt dynamique. Parallèlement à ces différentes tendances, signalons aussi la difficulté accrue pour les entreprises de recruter. Si environ 20% d'entre elles disaient ne pas trouver du personnel en juillet 2020, elles sont plus de 53% à faire ce constat début 2022.
Enfin, les motifs de démission restent assez restreints. Les salariés souhaitent changer pour un emploi plus porteur de sens. D'autres espèrent un meilleur salaire et plus de reconnaissance dans un nouveau poste.
Pourquoi ce phénomène perce-t-il aussi en France ?
Tout d'abord, il parait évident que cette avalanche de démissions survient à un moment où le contexte économique le permet. Il y a moins d'inquiétude à laisser tomber son job avec un marché de l'emploi favorable aux salariés.
Pour certains observateurs, cet état de fait correspond à une mutation que connait actuellement notre société. Aujourd'hui, pour beaucoup d'intéressés, le travail doit aussi avoir un sens. Les salariés demandent maintenant des comptes aux entreprises qui les emploient. Ainsi, il n'y a plus d'hésitation à quitter son poste dès lors que les aspirations ou les valeurs de l'entreprise ne correspondent plus à celle de l'employé. Par exemple, la promesse d'un bon salaire et d'une augmentation ne suffit plus au salarié lambda. Celui-ci attend de son employeur des actes d'engagement.
Baser toute sa stratégie de recrutement uniquement sur le niveau de salaire est une erreur que beaucoup d'entreprises font en ce moment. Cela traduit également un management un peu désuet, "à l'ancienne" pourrait-on avancer. Évaluer la performance d'un collaborateur uniquement sur des indicateurs d'objectifs économiques ne suffit plus.
De nouvelles perspectives s'ouvrent aussi bien du côté salarié que de celui des dirigeants.
A méditer et surtout à suivre.